CHAPITRE VII

La navette fonçait vers la planète, et Ysaye continuait à se demander ce qu’elle faisait là. Elle ne comprenait pas ce qui s’était passé. Maintenant qu’ils étaient entrés dans la haute atmosphère, il y avait une épaisse couche de givre sur les hublots, alors ils ne voyaient pas grand-chose.

Mais il y avait abondance de sensations. Ysaye se surprit à s’étonner des turbulences ; elle était étroitement sanglée dans son fauteuil, mais le petit appareil était violemment ballotté par des vents d’une force inattendue, et elle se félicitait que MacAran, le Second qui pilotait, fût leur meilleur pilote atmosphérique. Et, à en juger par la tête de ses compagnons, elle n’était pas la seule. L’atmosphère de cette planète leur donnait un avant-goût sérieux de son climat.

— Est-ce que c’est… normal ? demanda-t-elle finalement, se penchant vers MacAran pour qu’il puisse l’entendre.

— Franchement… non. Gros temps ou je ne m’y connais pas, et nous ne sommes pas encore arrivés. Mais avec toutes ces montagnes, on ne pouvait pas s’attendre à un climat paradisiaque, dit le jeune homme.

Ysaye espérait qu’il avait autant confiance en lui qu’il le semblait en paroles. En sa qualité de Second (le Capitaine ne pouvait pas quitter l’astronef) le Commandant MacAran était le plus haut gradé de leur groupe, et, en cas d’urgence, c’était lui qui commanderait. Plus jeune que la plupart de ses camarades, il était solide et trapu, avec une carrure de lutteur professionnel et d’épais cheveux blonds et bouclés. En temps normal, il ne serait jamais venu à l’idée d’Ysaye de clouter de ses compétences. Mais pour le moment, elle le trouvait terriblement jeune…

Et il paraissait plus jeune et moins assuré de minute en minute.

— Bon Dieu, marmonna-t-il, bataillant avec les commandes. D’après les cartes, cette zone était relativement calme ! Ce cisaillement est absolument diabolique. Cramponnez-vous, les gars !

La navette se cabra, puis tomba comme une pierre ; un instant, la gravité devint négative, les plaquant tous contre leurs harnais. Elizabeth pâlit et serra les poings de frayeur, et Ysaye étouffa un cri.

La navette se stabilisa un instant, et Ysaye vérifia que son harnais avait tenu bon. Tout le monde savait que le premier atterrissage, véritable plongeon dans l’inconnu, était le moment le plus dangereux sur une nouvelle planète. Et même une fois au sol, la seule chose qui allait de soi, c’était que rien n’allait de soi. On pouvait, par exemple, atterrir en plein milieu d’un repaire de carnivores – sauriens géants, peut-être – qui vous jugeraient parfaits pour leur goûter. D’autre part, et selon une histoire facétieuse qui circulait dans l’Empire, on pouvait se poser sur une race microscopique, ou à tout le moins lilliputienne, et anéantir d’un seul coup une cité entière. Ysaye ne connaissait pas exactement l’origine de cette histoire, mais elle en soupçonnait un jeune plaisantin du début de l’Âge Atomique, et friand de science-fiction. Cela ressemblait trop à une rumeur précédente, et qui faisait état d’un géant apparu sur l’un des mondes colonisés, et qui, rétrécissant constamment, se prétendait victime d’une expérience qui avait mal tourné, et que notre galaxie n’était rien de plus qu’une molécule dans son monde, les étoiles étant les noyaux des atomes de cette molécule. Le géant avait censément rétréci jusqu’à la taille d’un homme, puis d’une souris, puis d’une bactérie, avant de disparaître complètement. Ce conte à dormir debout avait même été diffusé sur les ondes avant d’être attribué à un étudiant inventif de la Nouvelle Université de Duke.

La navette de nouveau se cabra et tomba, puis fit une dangereuse embardée avant que MacAran ne parvienne à la redresser. Il serrait les dents et pinçait les lèvres, et Ysaye se dit qu’il n’était sûrement pas d’humeur à répondre à d’autres questions pour le moment. Elle s’efforça de se persuader que, tout bien considéré, mauvais temps et turbulences à l’atterrissage étaient les moindres de leurs soucis, et qu’il fallait s’y attendre. Les premières navettes étaient toujours bourrées de scientifiques parfaitement entraînés à prévoir les urgences et à improviser des solutions à tous les problèmes.

Mais tous ses efforts pour se rassurer furent vains. Sur les sept personnes de la navette, Ysaye était la seule sans aucune expérience pratique sur de nouvelles planètes. Elle ne comprenait toujours pas pourquoi elle faisait partie de cette équipe. Pour les autres, c’était évident : McAran était là pour ses capacités de pilotage et de commandement, le Lieutenant Evans parce qu’il était xénobotaniste, le Dr Aurora Lakshman xénobiologiste (et médecin, capable de soigner malades et blessés éventuels), Elizabeth et David pour leurs capacités techniques et leurs compétences linguistiques et anthropologiques. Malgré leurs précautions, ils pouvaient parfaitement tomber sur des indigènes, bien que ce ne fût pas le but de cette première mission.

Rien que des spécialistes – alors, qu’est-ce quelle faisait là ? Elle n’avait aucune compétence qui pût remplacer ou simplement renforcer l’une des leurs. Tout ce qu’elle connaissait, c’étaient les ordinateurs – et pour le moment, elle aurait bien voulu être parmi eux…

Ysaye tenta de se persuader de la vanité de toute inquiétude ; il n’y avait aucune raison rationnelle de réagir si fébrilement à cette affectation, même si elle était nouvelle pour elle. Sa participation devait bien avoir une raison ; l’un des six autres avait peut-être quelque équipement électronique qu’il ou elle ne comprenait pas parfaitement – mais si c’était le cas, n’aurait-on pas prévenu Ysaye, pour qu’elle puisse se documenter par avance ? On ne pouvait quand même pas lui demander de monter et piloter un équipement compliqué simplement à partir de son intuition !

Elle regarda Elizabeth, assise de l’autre côté de l’allée, et qui frottait le hublot givré, comme impatiente de jeter un coup d’œil sur ce nouveau monde. Enfin, MacAran semblait avoir repris le contrôle de la navette. Il n’y avait plus eu de ces chutes brusques et alarmantes depuis au moins cinq minutes. Même si la navette continuait à vibrer et trembler…

Ce monde serait sans doute la patrie d’Elizabeth pendant de nombreuses années. Sauf si les indigènes étaient si primitifs que les autorités de l’Empire décident de lui donner le statut de Monde Fermé, elle et David resteraient en arrière au départ de l’astronef, à faire des études linguistiques et anthropologiques pour l’Empire. Si cette planète obtenait le statut de Monde Ouvert au commerce, ils seraient beaucoup plus nombreux à y demeurer. Un officier du vaisseau serait nommé Coordinateur temporaire ; on installerait une enclave terrienne ; où Elizabeth et David se marieraient certainement. Après tout, ils attendaient depuis plus d’un an de trouver une planète habitable où ils pourraient s’établir et fonder une famille.

Ysaye contempla le ciel bleu lavande et les montagnes en dents de scie, tout juste visibles à travers le givre. Elle remercia le ciel de ne pas être aux commandes. Elle en savait assez sur le pilotage pour réaliser que le terrain était extrêmement dangereux. Le terrain. Quel mot étrange pour cette contrée qui n’avait rien de terrestre. La compagnie de David, très versé en linguistique, l’avait sensibilisée à ce genre de nuance.

Un instant, elle ressentit une… tristesse prémonitoire. Si c’était là le monde que David et Elizabeth attendaient depuis si longtemps, ils y resteraient, et elle, qui appartenait à l’équipage, repartirait avec l’astronef. Elle ne les reverrait jamais…

Et même s’ils ne restaient pas sur ce monde, ils changeraient. Les expériences qu’ils vivraient sur cette planète modifieraient ses amis, et peut-être elle-même, si elle demeurait longtemps sur ce monde. Personne n’échappait jamais à ce genre de déterminisme.

Et dans le même temps, leur présence modifierait la planète et ses habitants ; ils leurs communiqueraient un peu de leur humanité, malgré leurs efforts pour ne pas altérer l’environnement. Les humains modifiaient toujours leurs milieux ; cela faisait partie de leur nature, quels que fussent leurs efforts pour le laisser intact. Selon un adage qui revenait régulièrement dans l’histoire de l’humanité, « biologie n’est pas destin ». À quoi Ysaye répondait obstinément : « Montrez-moi un lion végétarien. » Quiconque croyait sérieusement qu’hommes et femmes n’étaient pas, à tout le moins, une congrégation d’impulsions biologiques, était à côté de la question. Ils n’étaient pas que cela, mais c’était quand même la base de tout.

Ces considérations philosophiques l’avaient si bien calmée que la turbulence qui suivit la prit totalement par surprise.

Les cisaillements du vent – c’était bien ce que le pilote avait dit tout à l’heure ? – se remirent à les ballotter, et le petit appareil tomba comme une pierre, puis tangua follement. Ysaye saisit le regard d’Elizabeth, de l’autre côté de l’allée ; livide et grimaçante, elle crispait les mains sur ses accoudoirs. Pas de panique, se dit Ysaye avec fermeté. Ça ne pouvait pas durer jusqu’à la surface. Ce n’était pas le premier atterrissage d’Elizabeth ; elle et David s’étaient posés sur quatre autres planètes, mais ce n’étaient que des boules de roc sans atmosphère, de sorte qu’ils n’avaient pas plus qu’elle l’expérience de ce genre de turbulences. Il ne fallait donc pas s’affoler devant la réaction d’Elizabeth, qui était aussi novice qu’elle en la circonstance.

— Ça va empirer avant de s’améliorer, avertit sombrement MacAran. Le vent souffle de la calotte polaire, sans rien pour l’arrêter. Et quand il rencontre ces montagnes, ça produit courants, turbulences et cisaillement.

Il grogna, car une nouvelle chute le projeta contre son harnais.

— Peut-être qu’on aurait dû essayer de se poser dans le désert au nord d’ici ; nos caméras sont assez bonnes pour nous permettre d’éviter toute civilisation.

— Alors, pourquoi ne l’a-t-on pas fait ? demanda Evans.

Ysaye eut envie de l’étrangler. Les voilà tous, bataillant pour ne pas s’écraser – et cet idiot cherchait à provoquer des contestations !

— Les données satellite indiquaient clairement que cette zone était un très bon site d’atterrissage, dit MacAran. Mais le plateau que nous cherchons est bien plus avenant vu de l’espace que d’ici !

Il s’interrompit pour redresser l’appareil qui penchait dangereusement sur la droite. Quand il se remit à parler, Ysaye eut l’impression qu’il disait tout ce qui lui passait par la tête. Pour calmer ses passagers ? Pour les rassurer ?

Si c’est le cas, je ne suis pas rassurée du tout, pensa-t-elle.

— Ça ne m’étonne pas de ne voir nulle part des traces d’aviation ; celui qui construirait ici un avion primitif…

Il s’interrompit pour batailler avec les commandes.

— Non, si le climat est partout pareil, l’aviation n’est pas près de se développer. Peut-être dans les plaines du sud, mais pas ici dans les montagnes.

— Mais nous pouvons atterrir ici, dit le Commandant Britton.

Ysaye eut l’impression qu’il s’agissait d’une question, malgré la formulation affirmative, et se demanda si le Commandant allait ordonner au pilote de faire demi-tour pour retourner à l’astronef.

Cela ne parut pas de bon augure à Ysaye.

— Je serai bien content quand nous nous serons posés, grommela le Commandant.

Si nous nous posons jamais, pensa Ysaye. Soudain, elle réalisa que ses craintes n’étaient pas sans fondement, et que leurs réactions de frayeur n’étaient pas exagérées. Le pilote passait toutes les possibilités en revue pour les arracher à un péril mortel. Elle déglutit avec effort, mais elle avait la gorge serrée et la bouche sèche. Aux manières du pilote, on comprenait que la situation était bien plus dangereuse qu’elle ne l’avait paru à bord.

Ce n’est pas ce qu’on m’avait annoncé quand je me suis engagée dans le Service Spatial.

Quelques instants plus tôt, ils avaient plongé dans des nuages épais et apparemment sans fond ; maintenant, roulant et tanguant comme sur un manège de foire, ils sortaient des nuées, et Ysaye vit à perte de vue une immense étendue verte de résineux, balafrée de cicatrices blanches laissées par les incendies. Roulant et tanguant, ils continuèrent à descendre, MacAran cherchant désespérément un espace assez plane pour poser la navette. Ysaye savait que les avions atmosphériques atterrissaient toujours vent debout, mais ils n’étaient pas faits pour voler dans de tels grains. Et comme si le vent ne suffisait pas, la visibilité fut obstruée par un rideau de neige, aussi épais que l’étaient les nuages auparavant.

Il fallait espérer que les instruments de MacAran fonctionnaient, et fonctionnaient bien.

La recherche du terrain idéal ne devait pas faire oublier le problème du carburant ; si MacAran tardait trop longtemps – il ne lui resterait plus de carburant pour atterrir. Et un atterrissage moteurs coupés – ici, et maintenant…

Il fallait comparer cela aux dangers du terrain – qui n’avait pas paru très engageant quand Ysaye l’avait fugitivement aperçu.

La neige se dissipa un instant ; ignorant le roulis et le tangage, Ysaye se dévissa le cou pour jeter un coup d’œil sur l’écran radar de MacAran.

— Au-delà des arbres, dit le pilote d’une voix étranglée, il y a une clairière. On va s’y poser. Essayer en tout cas. On n’a guère le choix.

— Regardez ! dit soudain Elizabeth.

Toujours collée au hublot, elle venait apparemment d’apercevoir quelque chose, sans doute les premiers indices de présence d’E.I. sur cette planète.

— Un château.

— Impossible, dit David. Pas exactement. Pense aux Français qui, débarquant parmi les Iroquois, avaient baptisé châteaux leurs villes aux murailles de bois, et qui en avaient nommé trois ou quatre Châteauneuf.

Ysaye les regarda, ébahie. Seuls David et Elizabeth pouvaient discuter de subtilités linguistiques devant un crash imminent.

— Elizabeth ! couina-t-elle. Je trouve que ce n’…

Elizabeth se tourna vers elle, si pâle qu’elle en paraissait verte, les traits aussi tirés qu’Ysaye.

— La prière ne nous remonterait pas plus le moral, tu sais, répondit-elle d’une voix tremblante.

— On y va, entendit-elle MacAran grommeler. On ne trouvera pas mieux.

Il poursuivit à voix haute :

— Ça y est, les gars ! Prêts à l’atterrissage ! Posture de crash !

Elle se pencha docilement, pliée en deux, les mains sur la nuque. La navette heurta durement le sol, rebondit, retomba ; les filets de crash se déployèrent, les maintenant en position fœtale. Des coussins se gonflèrent sous les sièges, et Ysaye entendit les « bip » d’une douzaine d’alarmes. Ils rebondirent, encore et encore. Maintenant, Ysaye était au-delà de la peur, totalement paralysée. Rien dans son entraînement ou son expérience ne l’avait préparée à ça.

Je vais mourir, pensa-t-elle, comme anesthésiée. Les pensées circulaient au ralenti dans l’océan de peurs qui la submergeait. Il y eut un craquement sinistre au rebond suivant, et Ysaye se dit que la coque venait de se déchirer.

C’est alors qu’elle sombra dans une bienheureuse inconscience.

Elle revint à elle dans un froid glacial, la neige lui soufflant au visage. La coque s’était ouverte en plusieurs endroits, et elle eut du mal à croire qu’elle était vivante. Elle ignorait combien avait duré son évanouissement, mais les coussins s’étaient dégonflés et les filets rétractés. Ils avaient atterri, même si ce n’était pas sans dommages. Elle se rappela le vieux dicton : « Tout atterrissage dont on s’éloigne sur ses pieds est un bon atterrissage. »

— Quelqu’un est blessé ? cria MacAran.

Un concert de « non » et « juste des égratignures », lui répondit. MacAran, ses mains tremblant visiblement, détacha son harnais et se leva.

— Tout le monde à l’appel ! ordonna-t-il. Je veux entendre tous les noms !

Ysaye prenant une inspiration tremblante, répondit la première – puis Evans, qui toussa avant d’énoncer son nom, suivi des autres, le Commandant Britton s’annonçant le dernier. Satisfait de n’avoir ni mort ni blessé grave, MacAran se retourna et monta vers la porte qui s’était ouverte sous les chocs répétés. Les autres débouclèrent leurs harnais puis se pressèrent derrière lui, impatients de quitter un véhicule qui ne représentait plus pour eux ni sécurité ni abri.

— Vous êtes sûrs que tout va bien ? Pas de blessés ? demanda le Dr Lakshman qui avait saisi machinalement sa trousse médicale et la serrait sur son cœur, tout en cherchant à voir à travers la neige.

Un concert de « non » lui répondit.

MacAran se baissa pour regarder sous la navette.

— Peut-être qu’on s’en tire bien, mais je n’en dirais pas autant de l’appareil ! Le train d’atterrissage est bousillé, dit-il. Et ne parlons même pas des trous dans le fuselage !

Il considéra la navette en branlant du chef.

— Je ne m’attendais pas à tester les protections-crash sur le terrain !

— Tu t’es bien débrouillé, fiston, dit le Commandant Britton, posant une main paternelle sur l’épaule de MacAran. Personne n’aurait réussi un meilleur atterrissage dans des conditions pareilles.

MacAran se redressa, prit une profonde inspiration, retrouvant son autorité.

— Bon. Les procédures de crash stipulent que vous devez tous rassembler vos affaires pendant que j’installerai les équipements de survie. Alors, rentrez dans la cabine un par un et sortez tout ce que vous pourrez. Prenez votre temps ; on n’est pas près de partir d’ici.

Le Dr Lakshman considéra sombrement la neige soufflant à travers ce qui restait du fuselage.

— Il faudra bien aller quelque part, dit-elle. Par ce temps, nous ne ferons pas de vieux os si nous ne trouvons pas un meilleur abri.

Ysaye frissonna, et pas seulement de froid ; elle était glacée de peur. Ils étaient tombés d’un danger dans un autre. Etaient-ils donc venus si loin pour mourir gelés ?

Redécouverte
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